La filature des Calquières met la laine à l'honneur
Dans la Lozère - À la filature des Calquières, la laine est à l'honneur
Au nord-est de la Lozère, la filature des Calquières et sa façade principale
Fierté de la petite cité lozérienne de Langogne, la filature des Calquières est un lieu d'animations gravitant autour de l'univers de la laine. Ce singulier musée vivant, créé courant 1994, est aménagé dans un ancien moulin à eau surélevé au cours du 19e siècle. Plusieurs machines à carder et à filer la laine, dont une très rare "Mule-Jenny" de 1850, constituent une partie de ses attraits.
Cité lozérienne rurale de moins de 3000 âmes, Langogne est perché à 900 mètres d'altitude en bordure du massif granitique de la Margeride. Située au sud de son enceinte médiévale, la filature des Calquière borde la rivière Langouyrou, un affluent de l'Allier. Massif, en pierres de taille, le bâtiment abritant le musée-filature résulte de la surélévation d'un moulin à eau datant de 1442.
Dans le courant du 19e siècle, les étages supérieurs de ce moulin à farine sont dévolus à la transformation de la laine d'une partie des milliers d'ovins alors élevés dans le département de la Lozère. Depuis juillet 1994, cette filature, l'une des plus anciennes de France, est un musée vivant de la laine créé à l'initiative de l'association "La filature des Calquières".
Une carde nappeuse et à côté une carde bobineuse
Une grosse cuve de lavage de la laine
Jusqu’à quinze ouvriers, employés par la filature
"Au Moyen-Âge, nombre d'habitants de Langogne, de la Margeride et au-delà travaillaient la laine. Les femmes et les enfants filaient la fibre tandis que les hommes la tissaient."
"Dans notre filature, de 1850 à 1900, huit à quinze ouvriers lavaient, cardaient et transformaient la laine en écheveaux", souligne Thomas Boudouard, un temps animateur du musée filature des Calquières.
"Au 19ème siècle, une dizaine d'autres filatures, dont certaines tissaient la laine ou/et la teignaient, étaient en activité à Mende, à Marvejols ou encore à Saint-Chély-d'Apcher."
"Dans la rue où se trouve notre musée, onze ménages et une cinquantaine de personnes étaient concernés par le travail de la laine et les activités annexes."
"Des tondeurs, voituriers, tisserands, teinturiers et bien d’autres prenaient part à cette activité lainière à travers la Lozère. Mais, la concurrence du coton, des fibres synthétiques et d'autres phénomènes, ont sonné le glas de cette activité, après la seconde guerre mondiale."
Courant 1993, la ville de Langogne, labellisée Ville et Métiers d'Art, a racheté notre filature à Louis Engles, son dernier propriétaire, précise Thomas. Puis, elle a transformé ce lieu en un espace de sauvegarde du patrimoine industriel."
"Datant du 15e siècle, nous avons conservé la roue à aube, du moulin, dont la fonction est d'actionner les machines de notre filature lorsque le débit en eau de Langouyrou est suffisant."
Un loup batteur destiné à décompacter la laine
Toujours en état de fonctionnement, la Mule-Jenny de la filature langonaise
Une Mule Jenny, joyau, encore en fonctionnement, de la filature
De son rez-de-chaussée à son deuxième étage, le musée abrite une riche collection de machines de la seconde révolution industrielle (1870-1910, environ), destinées au lavage, au cardage et à la transformation de la laine en fils.Toutes classées à l'Inventaire des Monuments Historiques, une carde nappeuse, une carde bobineuse, une assembleuse bobineuse et une retordeuse constituent une partie du patrimoine industriel de l'ancienne filature langonaise. Au rez-de-chaussée et son sol pavé d'imposantes pierres volcaniques, les visiteurs peuvent admirer une énorme cuve destinée au lavage des toisons et un loup batteur avec son cylindre à picots de décompactage de la laine.
Mais, le joyau du musée est à découvrir et contempler au deuxième étage du bâtiment. Là, occupant l'essentiel de l'atelier, trône une superbe Mule-Jenny en état de fonctionnement. Fabriquée vers 1850, cette machine anglaise, à l'imposant banc de filature, transforme la laine cardée en un fil robuste et fin. Son travail est complété par une assembleuse bobineuse et une retordeuse produisant du fil sous forme d'écheveaux destinés à la confection. "Avec ses 120 broches où tiges recevant les bobines de fil, notre Mule-Jenny est classée au patrimoine industriel, souligne Thomas. Au 19e siècle, Langogne possédait 420 broches et Mende, la préfecture de la Lozère, 5000."
Une affiche d'ateliers créatifs proposés par les animateurs de la filature
Des ateliers destinés aux petits et aux grands
Espace pédagogique et muséographique, le troisième étage du musée est un lieu d'apprentissage du travail de la laine.
Petits et grands, peuvent concevoir ici des créations en feutre comme des balles, des broches voire des chapeaux.
Un atelier tissage, permet de comprendre et d'assimiler les bases du tissage sur un support cartonné et de créer des porte-clefs, fanions ou accessoires.
Sont également proposés, par les animateurs du lieu, des ateliers "science et découverte de la laine", "tissage sur cadre".
D'une durée d'environ 1h30, les sessions d'apprentissage sont souvent précédées d'une visite du musée afin de permettre aux participant-e-s "une immersion totale dans le monde de la laine."
Toujours propriétaire du bâtiment de la filature des Calquières, la mairie de Langogne a acheté, en 2015, une maison jouxtant la filature.
Cet achat a permis d'agrandir la boutique, la galerie d'expositions (textiles, feutres, bois, photographies, peintures ...) du musée et d'installer un ascenseur desservant tous les étages ainsi qu’un manège avec un cinéma dynamique.
Depuis 2015, la filature possède une mascotte, baptisée Filaine, inventée par les élèves du lycée St-Pierre-St-Paul de Langogne, afin de donner une nouvelle dynamique à ce lieu culturel apprécié chaque année par des milliers de visiteurs.
Reportage Jean-François Rivière (texte, photographies) - Des Campagnes Vivantes. ©
Pour aller plus loin :
https://www.musee-lozere.com ; https://ccha-langogne.com ; https://www.margeride-en-gevaudan.com ; https://www.vma.asso.fr ; http://ot-langogne.com
Filaine, la mascotte de la filature
Louis Engles présentait sa filature avant sa transformation en musée
Trente ans d'expositions, à la galerie de la filature des Calquières
Filasse le cocher, le héros d'un scénario original
Le cinéma dynamique de la filature - Crédit photo filature des Calquières
Grâce à un cinéma dynamique, une douzaine de spectateurs installés dans des fauteuils articulés peuvent vivre les péripéties de Filasse le cocher. Un scénario original met en scène Filasse et sa jument Bobine, en des temps où la redoutable et mystérieuse Bête du Gévaudan serait de retour. Son périple, lui fera également croiser notamment le grand voyageur et romancier écossais Robert Louis Stevenson auteur entre autres de "Voyage avec un âne dans les Cévennes", "L'ïle au trésor". Il traversera de superbes paysages de la Margeride et fera un plongeon mémorable dans le grand lac artificiel de Naussac situé à proximité de Langogne. Venu livrer de la laine à la filature, Filasse fera également le lien avec les machines, datant du 19e siècle, de la Filature des Calquières.
Plan d'accès à la filature des Calquières et au Monde de Filaine
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